Encyclopaedia Pagana
Advertisement
Smallwikipedialogo Cette page utilise, totalement ou en partie, du contenu provenant de Wikipedia anglophone. La page d‘origine se trouvait à l'adresse Kenning. La liste des auteurs est accessible dans l‘historique de la page. Comme sur Encyclopaedia Pagana, le texte de Wikipédia est disponible sous la licence de documentation libre GNU.

Le terme kenning (pluriel : kenningar) désigne une figure de style employée principalement dans la poésie scaldique norroise, puis islandaise. L'art du kenning consiste à remplacer un mot par une périphrase à caractère métaphorique. Le terme kenning, bien que d'origine nordique, est encore employé de nos jours pour qualifier ce genre de figures de styles, y compris dans d'autres langues que celles précitées, notamment le Vieil Anglais.

Etymologie[]

Kenning proviendrait du verbe norrois kenna, signifiant reconnaître, percevoir, sentir, montrer, enseigner. La racine de ce verbe est également visible dans les mots islandais kenna, suédois kanna, danois kende, et dans les verbes anglais modernes to can et to know.

Structure[]

Les kennings norrois peuvent prendre la forme d'un mot composé (gjálfr-Marr, littéralement monture-mer, pour bateau) ou d'une phrase génitive (baru fákr, monture de la vague, également pour bateau).

Les kennings les plus simples consistent en un mot de base (stofnorð en islandais moderne) et un déterminant (kenniorð), lequel viendra modifier le sens du mot de base. De manière générale, le déterminant sera un nom utilisé invariablement comme premier élément du mot-composé. Dans la phrase génitive, le déterminant pourra se trouver placé avant ou après le mot de base.

Ainsi, dans nos exemples, les mots de base sont Marr et fákr, signifiant tous deux monture, et les déterminants gjálfr et baru. Le terme non exposé auquel se réfère le kenning est quand à lui appelé référent, ici, dans les deux kennings, il s'agira de skip, bateau, navire.

Les termes composant le kenning, qu'il s'agisse du mot de base ou du déterminant, pouvaient être des noms simples ou des heitis, synonymes poétiques.

kenningar complexes[]

Les scaldes employaient parfois au sein de leurs kenningar d'autres kenningars en lieu et place de déterminants, et plus rarements de noms : grennir gunn-más : nourrisseur de la mouette des batailles pour nourrisseur des corbeaux : guerrier[1], eyðendr arnar hungrs : destructeur de la faim des aigles pour nourrisseur des aigles : guerrier [2]. Un kenning employé dans un autre est appelé tvikent, deux fois modifié.

Souvent, lorsque le facteur déterminant est lui-même un Kenning, le terme de base du Kenning constituant le déterminant est placé avant le premier terme de l'intégralité de l'élément pour former un mot composé : mog-fellandi mellu fils - tueur de géante = tueur de fils de géante = Tueur de géants = le dieu Thor'[3].

Des figures comprenant plus de trois éléments seront appelés rekit, étendu. Des kenningar de sept éléments ont été trouvés dans certains vers scaldiques, et Snorri Sturluson considèrait que les kenningar à six éléments étaient une licence acceptable, mais met en garde contre les plus extrêmes constructions :

Níunda er þat at reka til hinnar fimtu kenningar, er ór ættum er ef lengra er rekit; en þótt þat finnisk í fornskálda verka, þá látum vér þat nú ónýtt.

Traduction : Le neuvième [licence] prolonge un kenning au cinquième déterminant, mais il est hors de proportion s'il est étendu plus loin. Même si cela peut être trouvé dans les travaux des poètes anciens, nous ne le tolérons plus.[4]

Ordre des mots et compréhension[]

Comparé au français ou à l'anglais, le norrois laisse une plus grande liberté à l'ordre des mots au sein des phrases. Dans les vers scaldique, cette liberté est exploitée à son maximum et permet, dans ses limites extrêmes, des tournures de phrases bien au delà de ce qu'il serait possible d'écrire en prose. Il arrive, dans ces tournures complexes, que certains mots soient intercalés entre un mot de base et son déterminant génitif au sein d'un même kenning, et parfois même entre les éléments d'un mot composé. Les kenningar, tout comme les groupes de mots faisant office sujet à la phrase, peuvent s'entrelacer grâce à la liberté morphologique des phrases en norrois.

Facteur aidant à la compréhension des tournures scaldiques, les kenningar ont tendance à être très conventionnels. Beraucoup se réfèrent à un petit nombre de thèmes, lesquels n'emploient qu'un nombre restreint de métaphores traditionnelles. Ainsi, par convention, on attribuera les qualificatifs d'"ami du peuple", d'"ennemi de l'or", de "destructeur des bracelets" et de "généreux" à un chef ou un personnage illustre.


  1. Þorbjörn hornklofi : Glymdrápa 6
  2. Þorbjörn Þakkaskáld : Erlingsdrápa 1
  3. Steinunn Refsdóttir : Lausavísa 2
  4. Anthony Faulkes 1991, 8:29–31; A. Faulkes 1987, 172.


Article en cours de rédaction. A suivre...
Advertisement