Encyclopaedia Pagana
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Lorsqu’Héraclès revint victorieux de Crète, Eurysthée l’envoya en Thrace, dont les habitants passaient pour particulièrement belliqueux, avec pour mission de voler les juments de Diomède, le roi de Thrace. Diomède, dont certaines légendes font le fils d'Arès et de Cyrène, d'autres celui d'Atlas et d'Astéria (donc apparenté aux titans), était un roi cruel et brutal qui possédait quatre juments carnivores, qu’il nourrissait exclusivement de chair humaine. Eurysthée autorisa le héros à constituer une troupe de volontaires afin de vaincre plus aisément les barbares. Parmi les plus motivés figurait Abdère (ou Abdéros), écuyer et compagnon d'Héraclès (certaines versions en font même son amant). Mais tandis que ses compagnons traversaient la mer Égée en navire, Héraclès préféra passer par les terres afin de rendre visite à son ami Admète, souverain de Thessalie, sans savoir que celui-ci venait de perdre son épouse, Alceste, qui avait accepté de mourir à sa place. Admète accueilli chaleureusement le héros mais sans lui expliquer les raisons de sa tristesse. Aussi lors du dîner, Héraclès, qui bien que seul à table ne se doutait pas que le palais était en deuil, réclama aux domestiques des mets raffinés et les meilleurs vins, s’empiffra et bu comme un trou, puis, ivre mort, se mit à chanter à tue-tête, à brailler et à rire aux éclats devant des domestiques indignés. L'un d'eux se risqua à lui faire remarquer que son comportement indécent offensait la cérémonie funèbre, et devant l’incompréhension du héros lui expliqua la situation. Rongé de honte et de remords, Héraclès décida de se racheter en descendant sur le champ aux enfers pour y chercher Alceste et la ramener. Aussi le lendemain matin Admète eut-il la surprise de trouver sa femme en vie. Ayant racheté sa faute, Héraclès repris enfin son voyage vers la Thrace (cet épisode résume bien la dualité du héros qui structure tout son mythe : successivement naïf et stupide, maladroit et fruste, puis honteux et repentant, et enfin, certain de sa force, il défie la mort pour réparer ses erreurs). Arrivé en Thrace, il rejoignit ses compagnons. Ils trouvèrent rapidement les juments et tuèrent les gardes, mais alors qu’ils s’apprêtaient à emporter leur prise, Diomède arriva à la tête de se troupes. Héraclès confia les juments à son ami Abdère et mena les autres au combat. Les Thraces furent rapidement vaincus et les Grecs capturèrent Diomède et un important butin, mais de retour à leur campement ils découvrirent que les juments avaient réussi à attraper Abdère et à le dévorer. Fou de rage, Héraclès jeta Diomède en pâture à ses propres bêtes ; puis il enterra Abdère et fonda autour du tombeau la ville d'Abdère (ou Abdéra). Les juments, après avoir dévoré leur ancien maître, devinrent dociles (on dit même qu’elles redevinrent herbivores), et Héraclès put les ramener à Eurysthée. Ce que celui-ci en fit dépend des versions : dans certaines, il les garda dans ses écuries, et leurs descendants restèrent dans le royaume de Mycènes; dans d’autres, il les relâcha dans la nature, et elles gagnèrent un peu plus tard le mont Olympe où elles furent dévorées par des bêtes sauvages ; dans d’autres encore, elles furent sacrifiées à la déesse Héra. Dans tous les cas, la tradition affirme que leur descendance se perpétua jusqu'aux temps d'Alexandre le Grand ; Bucéphale, le cheval d’Alexandre le Grand, passe pour descendre des juments de Diomède.

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